Discours du Docteur Boubacar CAMARA, candidat du Sénégal au poste de Secrétaire général de l’Organisation mondiale des Douanes, prononcé le 6 mai 2008 à Panama devant les délégués de la région des Amériques et des Caraïbes

 

Monsieur le Président de la région des Amériques et des Caraïbes,

Monsieur le Secrétaire général de l’Organisation mondiale des Douanes (OMD),

Mesdames et Messieurs les Directeurs généraux des Douanes,

Chers collègues,

Chers invités,

 Merci pour tout.

Je suis venu de loin, de très loin, de l’Afrique, à la fois si loin et si proche de l’Amérique, des Amériques. J’ai parcouru le chemin, libre dans le cœur et dans l’esprit, libre de mes mouvements.  J’ai quelquefois attaché ma ceinture quand ce me fut demandé, pour ma sécurité.

Mes ancêtres ont parcouru le même chemin, par d’autres voies, dans d’autres conditions, ils n’avaient pas besoin d’attacher leurs ceintures, ils étaient attachés à la ceinture, aux poignets, parfois au cou.

Il est nécessaire de positiver cette Histoire, la douloureuse Histoire de notre continent, de notre peuple éparpillé dans tous les continents.  Cette Histoire doit servir à mieux comprendre et accepter la diversité inévitable et mieux porter nos communes préoccupations.

Je suis ravi et fier de retrouver en Amérique, si proche de l’Afrique, mes frères et mes cousins, petits fils et arrières petits fils de mes ancêtres, libres de leurs mouvements et épanouis, de surcroît dans la communauté douanière internationale. Nous partageons les mêmes origines et les mêmes préoccupations.

Je suis venu de votre Afrique, du Sénégal, de Dakar à quelques miles de l’île mythique de Gorée, ancien entrepôt douanier fictif et ancienne Maison des Esclaves. Je viens de cette Afrique qui a besoin aujourd’hui d’affirmer son appartenance au monde. Nous avons le devoir de promouvoir ensemble la parfaite intégration de ce monde par le biais de la douane.

En parcourant la liste des candidats au poste sensible de Secrétaire général de l’OMD, je n’y ai vu aucun membre de votre région. Pourtant, sur tous les plans, vous jouez un rôle essentiel dans la vie et pour la survie (y compris financière) de notre organisation.

J’ai compris votre message : vous avez décidé d’adopter la sage position de l’arbitre. C’est vous qui allez faire cette élection. 

Vous voulez que je vous dise pourquoi je me présente ? Je vais vous le dire :

D’abord, mon profil m’y encourage. Docteur en droit, douanier de formation, de cœur et de métier depuis l’âge de 24 ans. Issu des rangs de la troupe, j’ai gravi les échelons et embrassé plusieurs métiers douaniers (marin, brigadier, vérificateur, enquêteur, formateur, mutualiste, technicien de la valeur, spécialiste des produits pétroliers etc.) avant d’être Directeur général pendant quatre ans, de 2000 à 2004.

Inspecteur général d’Etat à la Présidence de la République du Sénégal, j’ai soutenu une thèse de doctorat en droit en France sur le contentieux douanier.

Ensuite, le devoir m’y appelle. Les questions de plus en plus complexes auxquelles notre organisation est confrontée appellent une mobilisation des ressources humaines dont elle dispose, où qu’elles se trouvent. J’ai fortement envie de sauvegarder l’important travail abattu par l’équipe sortante, sous la férule presque magique de Michel DANET qui mérite un hommage déférent, mais aussi je veux apporter ma modeste contribution par d’autres avancées significatives et rapides.

Plus décisivement, je me présente parce que j’ai senti, au fond de moi, que le moment était venu de me mettre au service de la communauté douanière internationale, à travers l’OMD.

Je sais que vous vous posez des questions sur le leader que sera ce candidat que vous commencez à mieux connaître.

Je ferai en sorte que l’OMD soit au service des Directeurs généraux des Douanes, qu’elle soit plus proche d’eux, qu’elle leur soit plus utile dans l’accomplissement de leurs missions. La Douane, c’est la Douane. Elle est toujours difficile à gérer.

Pour cela, j’envisage de mettre en place un mécanisme organisationnel permettant l’imprégnation des nouveaux Directeurs généraux des Douanes, le développement de la communication directe entre eux tous et le Secrétaire général.

Je serai ouvert et attentif. Les valeurs de la convivialité, de la solidarité, du partage et du respect de la diversité guideront mes pas.

Je serai un secrétaire général dont l’implication quotidienne, la foi en ce que l’OMD peut apporter aux échanges internationaux, le projet, l’équipe de rêve qu’il formera pour réussir sa mission, conduiront tout naturellement dans une position de leader proactif et déterminé.

Vous vous interrogez sans doute sur les réalisations que je projette de faire.

A partir des préoccupations essentielles et des solutions fournies par les différents membres et régions, je ferai bâtir une plate forme de meilleures pratiques douanières.

En matière de renforcement des capacités, d’assistance technique et de formation, les enjeux pour l’OMD sont importants. Le programme Columbus sera poursuivi et renforcé. Il n’y aura pas de programme réussi de renforcement des capacités sans une réorganisation de la recherche de financement.

L’approche traditionnelle consistant à offrir quelques millions, certes utiles pour les bénéficiaires minutieusement choisis, mais sans véritable intégration dans le schéma mis en place par l’OMD, a montré ses limites. Aucune administration douanière n’a été modernisée par ce biais. Evidemment, les soutiens volontaires seront encouragés mais ils ne doivent pas faire oublier que les besoins des membres sont énormes. La recherche de financement pour la modernisation des administrations douanières doit être réorganisée, supportée par des arguments toujours plus convaincants et pilotée par des spécialistes, pour des projets bien montés. Je mettrai en place une structure dédiée à cette tâche complexe.

Il faut, également, réorganiser la présence de l’OMD dans les pays membres. Une réforme sera proposée dans ce sens. Ainsi, il sera étudié la faisabilité de la mise en place dans chaque administration d’un Bureau national regroupant tous les programmes de l’OMD. Des attachés techniques partiellement pris en charge par Bruxelles seraient affectés dans ces bureaux. La coordination de leurs activités serait assurée par la présidence de la région.

J’ai envie de mieux faire sentir la présence de l’OMD dans l’activité quotidienne des administrations douanières. Cette option aura l’avantage supplémentaire d’atténuer l’épineux problème des langues de travail, dossier que je compte ouvrir à nouveau.

Les enjeux qui s’attachent à la facilitation des échanges à travers la ratification de Kyoto révisée seront pris en compte scrupuleusement. Cet effort doit être complété par l’adhésion massive et consciente à cet outil indispensable. J’en ferai une mission particulière sans jamais perdre de vue les exigences de sécurité incontestables dans le monde actuel.

La sécurisation de la chaine logistique internationale constitue un des défis les plus importants du commerce international. Le cadre des normes SAFE permet une combinaison harmonieuse des préoccupations des différentes régions du monde, de la sécurité à la facilitation en passant par le renforcement des capacités. Je veillerai à sa mise en œuvre rigoureuse.

La prise en charge de ces questions s’accommode mal avec les lenteurs enregistrées dans l’offre de normes pertinentes et efficaces qu’il faut prendre le temps de tester et d’évaluer.  Marchons plus vite.

Déjà, en 2004, lorsque j’eus le privilège d’organiser la Conférence régionale africaine de l’OMD sur la Sécurité et la Facilitation, ma conviction était faite que cette question nous préoccupera encore longtemps.

En ce qui concerne la lutte contre la fraude commerciale, les travaux du groupe de travail seront soutenus et judicieusement exploités. A cet égard, la promotion de la Convention de Johannesburg doit constituer une réponse décisive. Je m’y engage.

 

 

Concentrée sur son cœur de métier, l’OMD appuiera constamment ses membres pour améliorer l’image de la Douane. Elle sera également ouverte au privé et aux autres organisations internationales.

Enfin, chers collègues, chers invités,

L’OMD doit relever le défi de l’adaptation, de la réactivité et de l’anticipation.

Ma vision de son avenir est qu’elle se trouve à la croisée des chemins. Elle a besoin d’être piloté sous l’éclairage d’une vision pertinente. L’OMD doit « apprendre à ne plus attendre ».

La Douane de demain, c’est celle de l’organisation des échanges d’informations en temps réel à l’aide des outils modernes de la technologie.

Sur un autre plan, je veillerai personnellement à ce que les dépenses de l’OMD soient maîtrisées. Je m’attèlerai à en réorienter certaines pour atteindre une plus grande maîtrise des besoins des membres.

L’audit interne sera renforcé pour gagner le pari de la gestion transparente des finances de l’OMD qui doit être une maison de verre.

Est-ce que vous saviez tout cela de mon projet et de moi-même, il y a quelques minutes ? Assurément non ! Maintenant, c’est fait. Pour plus d’informations sur ma candidature, je vous invite à consulter le site à l’adresse suivante : www.camara08.com.

La balle est dans votre camp.

Je vous remercie de votre aimable attention.

 

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