DISCOURS du Dr. Boubacar CAMARA, candidat au poste de Secrétaire général de l’Organisation mondiale des Douanes
Le 27 juin 2008 à Bruxelles devant tous les délégués des 161 pays memebres
Monsieur le Président du Conseil de l’OMD,
Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames, Messieurs les Chefs de délégation,
Mesdames et Messieurs les Directeurs généraux des Douanes,
Mesdames, Messieurs les Délégués,
Chers Collègues,
Chers invités,
C’est un citoyen de la communauté douanière internationale qui s’adresse à d’autres citoyens du monde douanier. Ce monde, interpellé par la situation internationale difficile, est blessé. Il pleure, il crie, il hurle et ses gémissements atteignent les administrations douanières dans les bureaux, les brigades, les frontières terrestres, les ports, les aéroports, les routes et même dans les foyers des agents des douanes. Je trouve que c’est trop négatif comme entrée en matière
Dans ce monde là, nous n’avons pas besoin d’un Secrétaire général qui sommeille ;
Nous n’avons pas besoin d’un Secrétaire général qui tâtonne ;
Nous n’avons pas besoin d’un Secrétaire général qui se contente de gérer le quotidien ;
Nous n’avons pas besoin d’un Secrétaire général prisonnier d’un rêve ;
Dans ce monde là, ce dont nous avons besoin, c’est d’un Secrétaire général, alerte et avisé, proactif et déterminé….
Aujourd’hui plus qu’hier et davantage demain, l’Organisation mondiale des Douanes doit faire face à des défis complexes : crises environnementale, alimentaire, énergétique, renaissance des frontières pour faire face aux menaces sur la sécurité, dégâts collatéraux de la mondialisation telles que la contrefaçon, la piraterie, la drogue sans parler de l’accès aux marchés pour certains pays. Qui dit pire ?
C’est dans ce contexte que se tiennent nos assisses et qu’un nouveau Secrétaire général doit être élu. En effet, dans quelques heures, vous serez seuls avec votre conscience, un crayon et un bulletin de vote à la main.
Rappelez-vous que vous aurez également en vos mains le destin d’une prestigieuse organisation. Une organisation bâtie pendant plus d’un demi-siècle par plusieurs générations de douaniers, par des pays qui ont consenti des efforts importants pour sa création, son financement et son fonctionnement, par plusieurs Secrétaires généraux dont Michel DANET, à qui il convient de rendre un hommage déférent. « Dix ans de succès ! » pour reprendre le célèbre titre de l’orchestre guinéen Bembeya Jazz.
Rappelez-vous que l’homme que vous allez élire (l’homme avec un « h » minuscule malheureusement, car nous n’avons pas enregistré une touche féminine dans la présente compétition), celui-là, disais-je, aura des responsabilités importantes et que, passé le brouhaha des élections, seules ses valeurs intrinsèques, ses compétences techniques, son ouverture, sa fraîcheur, ses qualités de leader, seront les denrées utiles à la vie de l’OMD.
La vie ne revient pas sur ses pas et l’obole douteuse ne prospère pas.
Rappelez-vous que vous n’aurez pas à choisir entre neuf concurrents, du reste fort sympathiques et qui vous sont devenus familiers. Vous aurez à choisir entre deux candidats : celui de la raison et celui du cœur.
Oui ! Le candidat de la raison. Celui qui, en dehors de toute autre considération, a le meilleur profil technique pour occuper le poste de Secrétaire général de l’OMD.
De Marrakech à Maseru, en passant par Dublin, New Delhi, Panama et Dakar, j’ai essayé, la conviction en bandoulière, de démontrer que dans ma formation, mon métier et ma vie de douanier, j’ai eu la chance de cumuler trois atouts majeurs :
- l’expérience de directeur général des douanes ;
- l’expérience d’universitaire spécialisé dans la recherche en matière douanière comme Docteur en droit et auteur d’ouvrages dans ce domaine ;
- l’expérience d’un homme de terrain, issu des rangs de la troupe, ayant gravi les échelons (tour à tour agent breveté, contrôleur puis inspecteur des douanes) et embrassé plusieurs métiers douaniers (marin, brigadier, vérificateur, enquêteur, formateur, mutualiste, technicien de la valeur, spécialiste des produits pétroliers etc.), avant de se mettre au service des douanes africaines en qualité de consultant.
J’avoue…….Mes mains sont tachées de douane !
- Ensuite, le candidat du cœur ! Celui qui vous plaît le plus. Je pense que je ne vous déplais pas. Vous voulez que je vous dise quelle est ma principale promesse électorale ? Je vais vous le dire : je vous plairai davantage lorsque vous me verrez à l’œuvre comme Secrétaire général.
Car,
Vous avez devant vous un travailleur infatigable.
Vous avez devant vous, un des vôtres qui vous fait confiance et qui demande que vous lui fassiez confiance, qui vous prêtera une oreille attentive et qui est bien placé pour comprendre rapidement vos préoccupations ;
Vous avez devant vous, un douanier fier de l’être et pour qui la douane n’est pas un vêtement mais une peau qui lui colle à la chair.
Malgré les apparences, j’ai fêté mes 50 ans, hier. Un demi-siècle…Je suis prêt.
Soyez l’arbitre entre la raison et le cœur ! Tâche difficile certes, mais vous aurez à votre secours le flair douanier. Il vous fera signe, suivez-le. Il vous permettra de distinguer le pilote du passager si vous n’avez pas déjà assimilé le proverbe africain qui dit que « le séjour dans l’eau, même prolongé, ne transforme pas un tronc d’arbre en crocodile ».
Chers délégués,
J’ai un projet pour l’OMD.
Je suis prêt, avec vous, à promouvoir tous les instruments de l’OMD. Je ne comprends d’ailleurs pas que certains veuillent préférer tel instrument à tel autre, par exemple :
- aimer le renforcement des capacités et être réservé vis-à-vis des préoccupations de sécurité, aborder avec enthousiasme la facilitation et ignorer l’assistance mutuelle administrative, se passionner pour l’outil de gestion du risque et oublier la collecte des recettes douanières, se concentrer sur l’automatisation et négliger la lutte contre la fraude, militer pour la lutte contre la drogue et relativiser les méfaits de la contrefaçon et de la piraterie etc.
Je suis convaincu que tous les instruments de l’OMD répondent aux besoins spécifiques des membres et doivent faire l’objet d’une approche globale et d’une combinaison harmonieuse.
Je suis profondément convaincu que les préoccupations de toutes les régions doivent être traitées avec la même attention pour une douane mieux comprise, mieux respectée, plus utile et plus efficace. Qui, parmi vous, n’en a pas besoin ? Aucune main ne se lève !
Votre éloquent silence m’indique la voie :
Maintenir les acquis dans tous les domaines et conduire les changements significatifs qu’attendent les membres. Parmi ceux-ci, une meilleure articulation entre l’audit, l’élaboration du budget et la réédition des comptes pour faire de l’OMD une maison de verre, une meilleure présence de l’OMD dans les régions à travers des bureaux s’appuyant sur les technologies de l’information, la mise en place d’un programme de renforcement budgétaire pour améliorer la collecte des recettes douanières, la réorganisation de la recherche de financement pour réussir le programme de renforcement des capacités, l’amélioration du professionnalisme douanier pour une meilleure facilitation à travers la promotion de nouveaux métiers comme celui d’auditeur douanier, une meilleure prise en compte de la renaissance des frontières pour garantir la sécurisation de la chaîne logistique internationale.
Je n’hésiterai pas à étudier quelques idées pertinentes défendues par certains candidats.
Je serai proche de vous de sorte que si l’un d’entre vous tousse, j’éternue.
Chers délégués
J’ai une vison pour l’OMD.
A la croisée des chemins, elle doit relever le défi de l’adaptation, de la réactivité et de l’anticipation. Elle a besoin d’être pilotée sous l’éclairage d’une vision pertinente.
Elle doit «apprendre à ne plus attendre ».
Je vous remercie de votre aimable attention.