Présentation

ALLOCUTION de Monsieur le Professeur Ndiaw DIOUF

Doyen de la Faculté des Sciences juridiques et politiques de l’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar- Sénégal à l’occasion de la Leçon inaugurale présentée, le vendredi 14 janvier 2011 à l’UCAD II par

Monsieur Boubacar CAMARA

Docteur en droit

Inspecteur général d’Etat

 

 

Je voudrais, tout d’abord, au nom de Monsieur le Recteur et au nom de toute la communauté universitaire, vous présenter à tous mes meilleurs vœux de bonne et heureuse année, de prospérité et de paix.

 

Je vous souhaite la bienvenue à tous et en particulier voudrais exprimer toute notre gratitude à Monsieur Boubacar CAMARA, notre Invité, qui a bien voulu nous marquer son accord pour introduire la Leçon Inaugurale inscrite dorénavant comme une tradition dans notre agenda universitaire.

 

Mais comment pourrait-il en être autrement si l’on considère la brillante carrière de Monsieur Boubacar CAMARA ?

 

Alliant la rigueur et la vigueur scientifiques tout en gardant à l’esprit la défense des intérêts de la nation, Monsieur CAMARA est de la race de ceux qui, à coup sûr, se rendent toujours disponibles pour la communauté.

 

Les témoignages éloquents sur notre invité que j’ai pu recueillir proviennent, à la fois, de très hautes personnalités et de milieux aussi divers que Monsieur le Président de la République ou encore d’éminents Professeurs ou de membres du Barreau français, voire des sociétés scientifiques ou autres organisations internationales comme l’Organisation Mondiale de la Douane (OMD).

 

Tous ces témoignages concordent pour dire que Monsieur CAMARA incarne les valeurs de responsabilité, d’éthique et de loyauté au risque parfois de compromettre ses propres intérêts. C’est un homme de conviction.

 

Monsieur Boubacar CAMARA est né le 26 juin 1958 à Dakar.Il a grandi entre la Sicap Rue 10 et un quartier de la banlieue dakaroise qu’il affectionne tant : Grand-Yoff.

 

Après de brillantes études primaires, il fréquenta le Lycée Blaise Diagne de Dakar, de 1971 à 1978, année à laquelle il obtint un baccalauréat dans la série C- Mathématiques, Physique-.

 

Il voulait être marin, il l’est devenu en décrochant le diplôme de Lieutenant de Marine marchande à l’Ecole nationale de Formation maritime de Dakar. Sa passion pour la mer n’avait pourtant pas estompé celle qu’il a pour les études. Il décida, pour continuer celles-ci, de se sédentariser en rejoignant la Marine nationale. Cette nouvelle option le mena d’abord à Dakar-Bango comme soldat de 2éme classe.

 

Après sa formation initiale du combattant, il fut affecté à la Marine nationale, espérant être envoyé à l’Ecole des officiers. Las d’attendre, il se présenta au concours des agents brevetés des douanes, spécialité « Marine ».Cette administration venait d’acquérir des patrouilleurs de surveillance maritime : le Diambar et le Dialoré.

 

Admis à l’Ecole nationale des Douanes, major à l’entrée comme à la sortie, il rejoint les bateaux en qualité de commandant. Monsieur CAMARA venait d’amérir à la Douane.

 

Un an plus tard, il fut le seul à être admis au concours direct des contrôleurs des douanes sur plus de 500 candidats.

Au cours de sa formation, il s’inscrivit en 1ére année de droit à l’Université Cheikh Anta Diop.

 

Après sa formation,il fut nommé Chef de la Brigade de Haute mer.

En 1991, après l’obtention d’une maitrise de droit public option administration puis d’un DEA général de droit public en 1992 et d’un DEAS d’enseignement en 1995, Monsieur CAMARA venait de prendre une sérieuse option d’universitaire.

 

Il n’avait pourtant pas oublié de répondre à son destin avec les affaires maritimes. En effet, parallèlement à ses études de droit, il s’est inscrit en qualité d’Expert maritime stagiaire dans le Cabinet CESTING pendant trois (03) ans. Il fut agréé en novembre 1994.

 

Un mois auparavant, il venait de recevoir des mains du Président Abdou DIOUF son Brevet de l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM) en qualité d’Inspecteur des douanes.

 

On remarque ainsi qu’en même temps qu’il poursuivait ses études de droit et son stage d’expert maritime, Monsieur CAMARA était étudiant à l’ENAM.

 

Il était entré à l’ENAM après un bref séjour au Bureau de la Zone Franche Industrielle en qualité de Chef de Visite. Major de la promotion Mantoulaye GUENE en 1994, il est affecté au Bureau des douanes de l’aéroport international Léopold Sédar Senghor, en qualité de vérificateur des opérations commerciales. Après un séjour de deux ans, il s’engagea volontairement à la Mutuelle des Douanes en qualité de Secrétaire permanent, guidé par le souci de contribuer à l’amélioration des conditions sociales de ses collègues.

 

Il mit à profit cette période pour développer son intérêt pour les technologies de l’Information et de la Communication. Autodidacte dans ce domaine, il fut gagné rapidement par la passion de l’Informatique. La combinaison de cet apport avec sa maitrise des procédures douanières le conduit au Trade Point Sénégal en qualité de consultant. Il fait partie des concepteurs de l’application de collecte électronique des documents, ORBUS 2000.

 

Passionné d’enseignement, il s’adonna à l’encadrement des jeunes agents à l’Ecole des Douanes et à l’ENA. Il contribua aussi à la formation de déclarants en douane et de techniciens du commerce international dans certains Instituts tels que la Chambre de Commerce de Dakar et l’Université Dakar Bourguiba.

 

En février 2000, il se présente et réussit au concours de l’Inspection générale d’Etat. Là aussi, il est major de sa promotion. En mai 2000, Il fut nommé Directeur général des Douanes. Il occupera ce poste jusqu’en 2004. Lors de sa prise de service, il se contenta dans son discours d’une phrase restée célèbre : « Quand on remplace un géant, on ne parle pas, on travaille ».

 

Son passage à la Douane laisse le souvenir d’un soldat de l’Economie à l’assaut de la fraude,mobilisé pour l’augmentation des recettes douanières, partisan des réformes pour la modernisation et engagé pour la promotion de l’éthique.

 

Le 11 janvier 2002, le juge Kéba MBAYE, sans le connaître, lui enverra une lettre manuscrite pour magnifier le travail remarquable qui avait abouti à la réalisation de plus de 200 milliards FCFA. Le défunt juge terminait sa lettre par ces mots « Vous faites honneur à votre profession, à votre famille et à ceux qui vous aiment et vous suivent du regard avec affection et j’en suis. Merci »

 

Monsieur CAMARA a également fait face, courageusement, à beaucoup de rivalités qui se sont poursuivies après son départ de la Douane. Une vaste enquête fut ouverte sur sa gestion.

 

Onze jours après avoir quitté la Direction générale des Douanes, il retourne à l’Inspection générale d’Etat. Il finalise et soutient sa thèse en mai 2005, un mois après un non lieu prononcé par la justice à l’issue des enquêtes.

 

A Grenoble, sous la direction du Professeur Claude BERR avec, comme un des membres du jury, le Professeur Jacques Mariel NZOUANKEU, il obtient la mention « Très honorable avec félicitations du jury » qui autorise la reproduction de la thèse portant sur porte sur « Le Contentieux douanier au Sénégal : Réflexions sur la place du juge dans le traitement des infractions ». L’ouvrage fut publié en décembre 2005.

Par une lettre en date du 05 avril 2006 Maitre Abdoulaye WADE, Président de la République apprécie cette publication comme « une initiative de nature à renforcer les moyens d’expression de l’administration douanière des pays africains en général,ceux de l’administration douanière sénégalaise, en particulier ».

 

Cette thèse vient s’ajouter aux travaux produits dans divers domaines :

– La Douane et le contrôle des conteneurs ;

– La jurisprudence sénégalaise en matière de responsabilité publique 1980-1990 ;

– L’expertise des produits pétroliers : enjeux et modalités ;

– La jurisprudence du Conseil d’Etat sénégalais ;

– Le contrôle douanier des produits pétroliers.

 

En 2006, Monsieur CAMARA obtient une disponibilité et se lance dans la consultation dans le domaine douanier et du commerce international. Il parcourt de nombreux pays africains pour partager son expérience. Il participe également, comme membre fondateur, à la mise en place d’un institut de formation.

 

Parallèlement à cette intense activité, Monsieur CAMARA suit une formation à l’Ecole de Formation du Barreau à Paris et obtient le Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat en octobre 2008.

 

Auparavant, il fut candidat du Sénégal au poste de Secrétaire général de l’Organisation Mondiale des Douanes (OMD). Premier candidat africain à ce poste, il perd l’élection en juin 2008 après une campagne intense de six (06) mois et une participation honorable.

 

Installé en partie en France comme avocat à la Cour d’Appel de Paris, il se déplace constamment au Sénégal et en Afrique.

En mai 2009, il fut appelé comme Secrétaire général du Ministère de la Coopération Internationale, des Transports aériens, des Infrastructures et de l’Energie.

Il répond sans hésiter au service de l’Etat, se fait omettre volontairement par le Conseil de l’Ordre des avocats, liquide sa société de consultation et révoque la disponibilité qui lui était accordée.

Dans la discrétion, il fait preuve d’une compétence et d’un sérieux reconnus de tous.

Chevalier dans l’Ordre national du Lion, Médaillé d’Honneur de la Douane et titulaire du Certificat de Bonne Conduite de l’Armée nationale, Monsieur CAMARA vient d’être élevé au grade d’Officier dans l’Ordre national du Lion.

Sa participation aux actions socio-éducatives, culturelles et sportives est connue.

Il taquine la poésie et enregistre dans son répertoire, entre autres, des écrits sur les phénomènes de société comme l’émigration clandestine, des poèmes dédiés à ses parents et proches, et des poèmes en Wolof dédiés à trois (03) grands hommes religieux de ce pays, lors de leur rappel à Dieu : Serigne Abdoul Aziz SY Dabakh, Serigne Mourtada MBACKE et Serigne Saliou MBACKE.

 

Mesdames, Messieurs,

 

Pour terminer, je ne peux pas résister à l’envie de vous livrer le témoignage suivant, fait par le Professeur Jacques Mariel Nzouankeu sur Monsieur CAMARA et qui résume parfaitement l’homme que vous avez devant vous :

« Monsieur possède une grande force de travail, soutenue par sa probité et sa grande rigueur morale.

Esprit indépendant, ouvert, mais ferme, contestataire au besoin lorsqu’il s’agit de défendre des principes qu’il croit conformes à l’éthique, M. CAMARA a une grande capacité d’adaptation et de synthèse. Pugnace, mais loyal, M. CAMARA est un homme déterminé qui s’investit pleinement pour réaliser l’objectif qu’il s’est fixé »

Voilà tracé le profil de celui que nous avons l’honneur d’accueillir dans ce Temple du Savoir qu’est notre Institution, je veux dire l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.

Je vous remercie de votre aimable attention.

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